PEUPLES AUTOCHTONES: RÉFLEXION POUR PLUS D'ACCÈS À LA CITOYENNETÉ :
Réunis à Kribi depuis lundi dans le cadre d’une
plateforme dénommée Gbabandi, les populations Baka de l’Est et Bagyélis du Sud
échangent sur le renforcement des moyens et stratégies permettant une large
acquisition d’état civil et de carte d’identité.
Par Lazare Kingue
A Bipindi et Lokoundje, deux contrées du
département de l’Océan dans la région du Sud, les problèmes rencontrés par les
peuples autochtones Bagyélis sont légion. Nombreux sont liés au
foncier. « Nous souffrons d’expropriation. Nous n’avons pratiquement
pas un habitat fixe pour le fait que l’Etat nous a sorti de nos forêts pour la
ville et les bantous nous chassent de la ville pour nos forêts ». déclare
Louanga Ndong Marceline, Bagyeli de Bipindi. Mais les plus cruciaux sont
l’accès à la citoyenneté. « Le plus difficile de tous c’est les
problèmes d’acte de naissance et de carte nationale d’identité. Nos enfants n’en
ont pas et ne peuvent se présenter à un examen officiel pour ceux qui sont
scolarisés. Nous mêmes nous n’en avons pas ; par conséquent on ne peut se
faire établir de pièce d’identité. C’est dommage » ! Se lamente cette
mère d’enfants. Beaucoup sont dans une situation pareille. Ils se comptent par
dizaines de milliers dans la région du Sud et celle de l’Est. Si dans le Sud les
arrondissements de Bipindi et Lokoundje, sont les plus concernés, à l’Est c’est
les localités de Moloundou et Salapoumbé dans le département de la Boumba et
Ngoko qui en pâtissent.
Pourtant, il ya
trois ans environ, ces différentes communautés réunis dans le cadre d’une
plateforme active depuis 2016 et dénommée Gbabandi, ont bénéficié d’un
accompagnement à travers le projet Navigateur Autochtone ( N.A). L’objectif était de faciliter les parents dans
l’établissement d’actes de naissance pour leurs enfants âgés de 6 mois à 15
ans. 500 enfants en ont bénéficié dans les deux zones pilotes. «
Mais c’était insuffisant vu que nos enfants dans les deux départements se
comptent par milliers » indique la coordonnatrice de la plateforme
Gbabandi. Cette activité a suscité une plus grande demande dépassant l’objectif
du projet N. A. « Compte tenu de ces observations, le consortium des
donateurs occidentaux, le Forest People Programme (Fpp) et Gbabandi se sont
concertés pour une possible deuxième phase afin d’élargir l’accompagnement à
d’autres bénéficiaires, enfants, jeunes et adultes, tous nécessiteux des Cni et
actes de naissance » fait savoir Timothée Emini, l’un des
responsables-facilitateurs de la plateforme Gbabandi.
C’est pour la
mise en œuvre de cette phase 2 du projet N.A que les membres de Gbabandi sont
réunis à Kribi dans le chef-lieu du département de l’Océan (Sud-Cameroun) depuis
lundi 27 mars dernier pour réviser les statuts de la plateforme et organiser le
comité de pilotage. « Nous sommes donc réunis en prélude au lancement
des activités de la phase 2 de ce projet. Il est question de bien le présenter aux
membres, de réfléchir sur sa gestion durable et le renforcement de notre
autonomie » informe le facilitateur Timothée Emini. C’est également le lieu
pour eux de faire un suivi de l’établissement des actes d’état civil sur la
base des jugements supplétifs auprès des tribunaux de Kribi. Car il faut bien
le mentionner, la procédure traine depuis 2 ans dans ces tribunaux alors que
toutes les exigences ont été remplies par les responsables du projet. « Il
ya comme une volonté des magistrats de Kribi et le greffier en chef de bloquer
l’accès à la citoyenneté des peuples autochtones. La commission des droits de
l’homme devrait se pencher sur cette affaire » réagit un acteur de la
société civile de la ville balnéaire.
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